Minimalisme
Quand les couleurs manquent encore au jardin...
Le jardinage est un art contre nature; il faut éternellement contrarier les herbes dites mauvaises parce qu'elles poussent trop bien, qu'elles sont là chez elles. Et en même temps encourager les étrangères, les intruses, celles qui n'ont aucun droit et su'on introduit de force, qu'on protège par toutes sortes d'artifices, de terre rapportée, d'arrosage, de taille, de compost.
On peut y voir une bonne définition du colonialisme...
Parfois mon jardin me fait pitié; je le regarde comme un champ de bataille où je sabre aveuglément.
Mes ennemis n'ont d'autre tort que de vouloir récupérer la terre qui leur appartient; supprimer les jolies pousses toutes neuves et fragiles des pruniers, des lilas, des noisetiers, des sureaux ou des ricins qui tentent leur chance et n'ont d'autre tort que de s'élancer à leur guise, hors de l'espace délimité que je leur ai despotiquement dévolu m'attriste.
J'hésite, je tergiverse, je ne me décide pas
Le jardin, on le discimpline, on le dresse, on le dirige, on l'élague, on le nettoie, on le traite comme une architecture, un mobilie privé. Sans cesse on rectifie les penchants naturels, les élévations, les courbes; on fait le ménage des parasites, des branches mortes et des tiges fanées.
Parfois je laisse sur place ces déchetspour consever à l'ensemble du tableau un air de bonne mine et de fraîcheur -par mauvaise conscience; ne pas rendre à la terre le solde de son labeur me donne l'impression de commettre un vol : je la fais travailler, souffrir, pourprendre et cueillir, la dépuiller en quelque sorte sans rien offrir en échange....
Les engrais ou le fumier qu'on ajoute sont plus qu'une recherche de fertilité : une façon de se dédouaner, une offrande à la déesse-mère, comme certains Indiens du Canada qui avaient coutume d'enterrer une oincée de tabac pour remercier la terre de chaque prélèvement qu'ils faisaient.
Comment n'être pas pafois intimidée d'intervenir dans cette vie foisonnante ?
J'aime prendre le temps de trier les ordures végétales, les déposer là où elles semblent utiles, au pieddes plantes gourmandes, dans les creux du terrain. Bientôit la pâte grasse deviendra poussière, terre, les plantes repousseront dessus.
En déposant partout ces débris, je tente maladroitement de m'intégrer au travail de la terre, à sa lente germination...
"CArnets d'un jardin" Anne-MArie Koenig
Si trop de pluies vous font désespérer de ce printemps, vous pouvez écouter Trénet chanter les JArdins du mois de MAi ici
JArdin des Plantes Toulouse
Métro Patte d'Oie Ligne A Toulouse
Sur le thème de la nourriture à partager,
Vous pouvez également écouter l'émission de Denis Cheyssou "CO² Mon amour" de ce Samedi 11 Mai 2013
on y parle des dîners de nourriture récupérée (discos-soupes ou Schnippel discos)
et d'un site anti-gaspi qui liste les endoits soldant la nourriture, "Zéro-Gâchis" plutôt en Bretagne pour l'instant,
mais aussi de locavores, Plantations urbaines dans les bacs comme les Incroyables Comestibles encadrés par Colibris
et de Colza Nostra, campagne anti-pesticides
et sur le site F. Culture, tous les Rendez-vous de ces Journées des jardins comestibles