Lambeaux...

       Sur le pont de chemin de fer, petit pont vers l'Avenue de la Gloire,
sans gloire, elle va et vient, jupe longue, tête nue ou vêtue d'un fichu, telle une religieuse de la rue

arrimée à sa balustrade
en plein vent,  refus refuge
regarder passer sous elle les trains.
bon an mal an elle accepte un potage,
refuse ce qu'elle ne peut consommer,
répond d'une voix gutturale,venue d'ailleurs ou rouillée, manquant de mot, s'isolant dans ce quartier populaire fréquenté et passager.
Elle ajoute un ballot de plastique qui claque au vent.
Je pense à elle aussi quand le froid arrive,dans le chaud de mon lit, tordant sa chevelure en une natte blonde esquimaude, lacée; les yeux délavés, regardant à travers nous,

D'où vient-elle, qui attend-elle ?

vers quelle destination se croit-elle sur le point de partir,
quelle destination n'a-t-elle jamais atteint ?

quel départ n'a-t-elle jamais pris ?

ou bien dans les grands yeux jaunes qui la nuit foncent vers elle
croit-elle revoir comme un enfant se pencher vers elle un visage ?

Comments

[Anne]

c'est beau et un peu mystérieux ce texte: merci!!!!toute une ambiance............

[stef et sa belet]

joli texte