Le 20 de 2020 c'est jardin ! (octobre)
Jardins de papier, Evelyne Bloch-Dano, ed. Poche 2015
[Le vrai paradis de Simone de Beauvoir, c'est Meyrignac, près d'Uzerche dans le Limousin. Ce qu'elle en retient, c'est la liberté dont elle jouit pour explorer la campagne. Comme la Colette de Sido, elle se lève à l'aube pour la surprendre endormie.
"J'étais seule à porter la beauté du monde." ("Mémoire d'une jeune fille rangée") J'apprenais le bouton d'or et le trèfle, le phlox sucré, le bleu fluorescent des volubilis, le papillon, la bête à Bon Dieu, le ver luisant, la rosée, les toiles d'araignée et les fils de la Vierge.
"Le jardinage lie les yeux et l'esprit à la terre et je me sens de l'amour pour l'aspect heureux, l'expression d'un arbrisseau secouru, nourri, étayé, embourgeoisé dans son paillis couvert de terre neuve"....dit Colette. Sido n'est pas loin, elle qui laissait sa fille s'aventurer dans l'aube bleue parce qu'elle lui faisait confiance... Le jardin nous apprend que toute vie est faite d'une multitude de recommencements, de petites morts et de résurrections. "Faire peau neuve, reconstruire, renaître, ça n'a jamais été au-dessus de mes forces", constate la narratrice de "La Naissance du jour" (Colette).
De sa voix inimitable, Duras psalmodie "Je pourrais parler des heures de cette maison, du jardin (Neauphles-le-Château, maison acquise en 1958 avec les droits du film Barrage sur le pacifique). Là il y a les arbres millénaires et les arbres encore jeunes, il y a les mélèzes, des pommiers, un noyer, des pruniers, un cerisier.
L'abricotier est mort. Devant ma chambre il y a ce rosier fabuleux de l'Homme Atlantique. Un saule; il y a aussi les cerisiers du Japon, les iris...
Et sous les fenêtres du salon de musique, il y a un camélia, planté pour moi par Dionys Mascolo (son compagnon)"
Une façon bien plaisante d'entrer dans l'oeuvre et la vie de quelques écrivains à travers leurs jardins grâce à ce petit livre de Evelyne Bloch-Dano, qui nous fait regarder autrement le mien, changeant selon les saisons, encore plus en ces temps où il est de bon ton de rester le plus possible chez soi.
Je m'émerveille de ce que le dahlia rose qui végétait cet été s'ouvre comme ce petit rouge panaché grâce aux pluies de ces jours et malgré la fraîcheur.
Les crocus d'automne ont été suivi de 2 crocus à safran... Après la pelouse, ce sont les planches potagères qui profitent des feuilles dorées de l'abricotier et laissent germer phacélie pour l'engrais et -je l'espère- épinards.
Les poireaux sauvages sont repiqués et tentent de survivre aux coups de bec des merles et mésanges. LA grêle de début de mois a rivalisé avec la perlite étendue sur la nouvelle terre puis enfouie pour tenter de garder l'humidité dans la terre.
Il reste quelques heures d'occupation pour hiverner ce jardin, semer les fèves et replier sous la serre les petits bégonias, les citronniers...
Bon courage à tous pour cette nouvelle rentrée où nous essayons de conserver des activités et le bon roulement de la vie malgré les restrictions de mouvements.
Et mille excuses pour le retard de parution de cette rubrique
Le modèle Physalis de DAny d'octobre 2017,
le mien au jardin n'étant pas encore sec ni orangé