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5 juin 2014

Confidences...

           La plupart des gens tombent amoureux d'une personne en la voyant...


Moi l'amour m'a pris en traître, Annie n'était pas là quand elle s'est installée dans ma vie; c'était l'année de mes douze ans, Annie avait deux ans de moins que moi. J'ai commencé par l'aimer comme un enfant, c'est-à dire en présence des autres...J'aimais pour aimer, non pas pour être aimé...
Le seul fait de passer devant Annie suffisait à me mettre en joie. Je lui volais ses rubans pour qu'elle me courre après et qu'elle me les arrache des mains, sèchement, avant de tourner les talons, sèchement. Il n'y a rien de plus sec qu'une petite fille vexée.
C'étaient ces bouts de tissu qu'elle rajustait maladroitement dans ses cheveux qui m'avaient fait les premiers penser aux poupées du magasin...

Hélène Grémillon -Le confident 2010-

 

00011364
Poupées anciennes en partance chez des collectionneuses

 

Ma mère tenait la mercerie du village. Après l'école, nous nous y rendions tous les deux, moi pour rejoindre ma mère, Annie pour rejoindre la sienne qui y passait la moitié de sa vie, la moitié qu'elle ne passait pas à coudre.
Un jour où Annie passait sous l'étagère des poupées, la ressemblance me frappa soudain. Outre les rubans, elle en avait le même teint sauvagement blanc et fragile. Mon jeune raisonnement s'emporta alors et je remarquai que je n'avais jamais vu de sa peau
plus que ce que son cou, son visage, ses pieds et ses mains ne m'en offraient. E-xac-te-ment comme pour les poupées de porcelaine !

00011363
mini-Corolle neuve pour deux poupettes réelles

Toute ressemblance étant réciproque, les poupées de porcelaine me faisaient penser à Annie, alors je les volais. Mais une fois à l'abri dans ma chambre j'étais immanquablement frappé par leurs cheveux trop bouclés ou trop raides, leurs yeux trop ronds, trop verts, et jamais [elles n'avaient] ces longs cils qu'Annie rehaussait de son index quand elle réfléchissait....

 

~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*

         C'est comme ça que j'ai annoncé ma grossesse à maman ; elle s'était assise de surprise. Nous n'en avions pas parlé ensemble avant et elle imaginait que je ne voulais pas d'enfant. Elle était abasourdie.
Bien sûr, j'ai toujours voulu un enfant, je n'avais simplement pas trouvé le bon type et, là, je croyais l'avoir trouvé mais je suis tombée enceinte avant de savoir s'il était d'accord et le soir où j'ai voulu le lui dire, il m'a coupé l'herbe sous le pied en m'annonçant que son frère venait d'avoir un bébé et qu'il n'aimerait pas être à sa place, lui ne se sentait pas prêt du tout, mais pas du tout.
Je n'ai pas pu lui dire, bien sûr, mais j'ai bien réfléchi et quoi qu'il en pense, je le garde ce bébé, je m'en fiche, j'ai trente-cinq ans, la nature ne va pas m'attendre.
        Maman m'avait dit qu'elle comprenait. Je lui avais dit qu'elle ferait une grand-mère merveileuse. Elle m'avait répondu "sûrement". Et puis elle avait ajouté que c'était bien d'avoir un enfant, mais que c'était encore mieux de l'avoir à deux....

         C'est en repensant à la solennité étrange avec laquelle maman avait prononcé cette phrase que je me suis promis de décrocher la prochaine fois que Nicolas essaierait de me joindre. Je devais lui parler.

 

         Un livre prenant, à quatre voix, dont malgré les graphismes choisis on ne sait parfois qui parle, obligeant à des aller-retours entre l'histoire actuelle d'une éditrice et la vie d'une famille dans les prémices de la deuxième guerre mondiale. Affèterie d'un écrivain en puissance ? Conte onirique ?Manipulation ou chagrin authentique ?
Le suspense est total et pour un premier roman, l'écriture haletante, quasi logorrhéique, révèle une maîtrise de la langue, de l'écriture, une précision des statuts de la femme et de la maternité, des conventions et de la description psychologique du point de vue de chaque personnage qui font peiner à lâcher ce livre.

 
Ouvrage d'Avril parti en Vendée pour une presque 'grande' de 5 ans
à allonger d'un tissu de coton assemblé sous la poitrine,
réminiscence d'un vichy vert dans l'enfance de ma fille...

 

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Commentaires
G
oui, voyage intérieur surtout...<br /> <br /> mais je t'ai trouvé une nouvelle lectrice de blog culinaire ;)
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C
Ce que tu montres de ce livre augure d'un beau voyage, riche et complexe comme le sont les beaux voyages dans un monde qui ne nous est pas familier.
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G
1er livre mais.... paru en 2010 !<br /> <br /> aurait-elle récidivé ?
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